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40 années de massacres en Algérie perpétrés par les Français (4)

Crime de soudard subalterne ?

Non ! Pélissier, qui en a porté jusqu’ici la responsabilité devant l’histoire, n’a été qu’un exécutant. La responsabilité remontait plus haut ; elle remonte directement au plus haut représentant de la France en Algérie, à celui qui, pendant sept années, fut, au nom de « la France », le maître à peu près absolu de l’Algérie, le gouverneur général Thomas Robert Bugeaud, marquis de La Piconnerie, duc d’Isly [12] ; celui-ci avait en effet envoyé à Pélissier l’ordre suivant ( Revue hebdomadaire, juillet 1911, article du général Derrécagaix.)
« Orléansville, 11 juin 1845

Si ces gredins se retirent dans leurs cavernes, imitez Cavaignac aux Sbéhas ! Fumez-les à outrance comme des renards.
Duc d’Isly

Imitez Cavaignac »
ordonnait Bugeaud.

En effet, l’année précédente, Cavaignac [13], futur gouverneur général de la République en Algérie, futur emprisonné du 2 décembre, avait, lui aussi, le premier, enfumé « comme des renards » des Sbéhas réfugiés dans des grottes, « tribu vaincu », « tribu sans défense ».

Et deux mois après Pélissier, le 12 août 1845, De Saint-Arnaud à son tour, près de Ténès, transformait d’autres grottes en « un vaste cimetière » ; « 500 brigands » y furent enterrés. Le seul résultat de l’interpellation à la Chambre des Pairs fut que Saint-Arnaud tint, à la différence de Pélissier, soigneusement caché son exploit : « personne n’est descendu dans les cavernes ; personne... que moi... Un rapport confidentiel a tout dit au maréchal (Bugeaud), simplement, sans poésie terrible ni images. » ( Lettres du Maréchal Saint-Arnaud, tome II, p. 37.)

Ainsi, depuis le républicain Cavaignac, jusqu’aux futurs bonapartistes Pélissier et De Saint-Arnaud, en passant par le monarchiste Bugeaud, les hommes les plus représentatifs de tous les clans de la bourgeoisie française ont trempé directement dans ces actes où culminent les deux caractères dominants de la conquête de l’Algérie : la lâcheté et la férocité.

Aucune des catégories de la bourgeoisie ne peut en rejeter la responsabilité sur les autres. Le colonialisme étant un produit spécifique du capitalisme, tout le capitalisme avait à se vautrer dans ses horreurs.